mardi 22 janvier 2008

Télédistribution : Pourquoi les ménages sont privés d’images

22 JANVIER 2008
Une réunion convoquée ce matin au ministère de la Communication entre les différentes parties.
Les images en provenance des chaînes internationales disparues depuis vendredi ou samedi soir, ne sont pas encore de retour sur le petit écran de certains ménages camerounais. "Notre matériel de diffusion a été confisqué et nous ne pouvons plus émettre", se plaint l’un des employés de Méga Hertz, un câblodistributeur situé au quartier Bastos à Yaoundé. Quant aux raisons de la saisie de ce matériel, cet employé indique que le responsable de l’entreprise, en plein échange avec son conseiller juridique, ne souhaiterait pas s’exprimer sur le sujet.

Néanmoins, il ressort de certaines informations qu’ "un huissier qui disait être mandaté et accompagné des policiers, est venu saisir notre matériel", rapporte un autre employé. Scène identique le même jour à Alpha Télé au quartier Elig-Essono où les émetteurs et autres instruments de travail ont été emportés, selon des témoignages. Au quartier Madagascar, Inter Tv n’a pas été l’une des victimes de la rafle. Mais, "nous avons arrêté nos activités vendredi, après avoir appris que Canal Sat avait lancé son opération de saisie. Il est aussi question de savoir si nous pouvons trouver un terrain d’entente avec lui", indique Daniel Nguela, responsable de cette société de câblodistribution, qui révèle que les responsables de Multi Tv coupent les câbles qu’ils n’arrivent pas à identifier comme les leurs, s’ils ne réussissent pas à repérer les distributeurs indélicats, "qui sont pourtant ses clients, mais, n’ont pas le droit de redistribuer les images", précise Marcel Blaise Nzali, directeur commercial et Marketing de Satcom au quartier Elig-Essono, à Yaoundé.

"Canal+ Horizons ne veut plus qu’on distribue son signal sans un contrat de partenariat", tente d’expliquer Daniel Nguela pour qui Canal+ Horizons voudrait que son signal soit crypté, que chaque abonné ait un décodeur. Mais, "compte tenu du coût de l’abonnement, le Camerounais moyen à qui nous donnons des images à 6.000 Fcfa, voire moins, ne peut plus y accéder. Canal+ Horizons exige des abonnements hors de prix, qui soient répertoriés au niveau de leurs fichiers. Quel Camerounais de petit revenu peut payer 16.000 Fcfa le mois?", s’interroge t-il. Et la grève que la Cameroon radio Television (Crtv) a signalée sur ses antennes? "Nous ne sommes pas en grève. Si notre matériel est saisi, comment pouvons-nous encore diffuser?" questionne Daniel Nguela, comme pour démentir cette information.

Selon des informations dignes de bonne foi, la grève chez les câblodistributeurs n’est pas une simple vue de l’esprit. Même si l’unanimité n’est pas faite sur la question. Des sources indiquent que ceux qui sont considérés comme des pirates ont décidé d’être solidaires de l’infortune de certains de leurs confrères, dont les installations ont été fermées et le matériel confisqué vendredi dernier à Douala et Yaoundé. Selon certaines sources, le propriétaire de Tv+, seul câblodistributeur détenteur d’une licence d’exploitation délivrée par le ministère de la Communication et seul partenaire de Multi Tv, vendeur des images du bouquet Canal Sat, a engagé des poursuites judiciaires pour bloquer les activités des "pirates". Parmi les câblodistributeurs directement indexés, Télé Sphère, Mega Hertz et Télé Sat où des scellés ont été apposés à Douala, et du matériel confisqué.

Si Emmanuel Chatue, le directeur général de Tv+ n’a pas pu être joignable, pour expliquer la genèse du conflit qui éclate seulement à la veille de la coupe d’Afrique des nations de football, il a néanmoins passé un communiqué sur le crawl de sa chaîne de télévision, Canal2 International, indiquant qu’il a décidé de suspendre son signal, de peur de subir les représailles de ses concurrents. Selon certaines informations, les câblodistributeurs ont promis de saccager les installations de Tv+ à Douala. Or, selon Marcel Blaise Nzali, directeur commercial et Marketing de Satcom, prestataire de service de Multi Tv au Cameroun, "les câblodistributeurs sont des pirates. Ils prennent les images alors qu’ils n’ont pas de licence ou d’autorisation du propriétaire du bouquet. Or, Tv+ est en règle", précise-t-il. Marcel Blaise Nzali a rappelé que le petit écran n’est pas totalement noir, puisque les abonnés de Satcom reçoivent les images.

Les câblodistributeurs ne renient pas leur qualité de "pirates". Mais, ils semblent évoquer un problème qui pourrait découler de cette "pénurie" d’images: la mise en chômage d’un certain nombre d’employés dans ces différentes structures. "Chaque société compte au moins vingt employés et il existe plus d’une centaine de structures dans la ville de Yaoundé", prétend Daniel Nguela d’Inter Tv au quartier Madagascar. Au ministère de la Communication (Mincom), le sujet semble intéresser les responsables, qui ont décidé de convoquer une rencontre ce matin entre les différentes parties. S’y retrouveront, Multi Tv, le détenteur du bouquet Canal Sat, les opérateurs de distribution en colère et bien sûr, le Mincom. 

Justin Blaise Akono
Source : Mutations

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